Se souvenir précisément du moment où elle a émergé en nous comme si c’était inné. Comme si la vie avait choisi pour soi la trajectoire à suivre. Parce que c’était écrit dans le ciel, et que peu importe nos décisions, ça s’imposait à nous comme une évidence. Je parle de cette passion des mots, celle de créer une atmosphère, de façonner des personnages dans le but de les faire vivre dans l’esprit des gens. Je parle aussi de cette faculté de mettre son âme sur papier. Et si se rappeler cet instant précis où elle est née n’est pas donné à tout le monde, Marjolaine Bouchard, elle… se souvient.
Pour cette Baieriveraine de souche—auteure chevronnée, et détentrice du Prix Distinction littéraire 2018—l’appel de l’écriture survient tout naturellement, dès l’âge de 7 ans. Souhaitant déjà à cette époque devenir une «écriveuse» de livre—avouez que c’est mignon comme tout—elle mettra très jeune par écrit plusieurs petits albums, dont Le petit poisson rouge en songe (qu’elle conserve d’ailleurs précieusement depuis toutes ces années). Éventuellement, c’est en rédigeant des romans-feuilletons (toujours écrits à la main) qu’adolescente, elle alimente l’imaginaire de ses copines. En 1995, l’aspirante romancière voit son rêve devenir tangible puisque laissant libre cours à sa créativité, elle se concentre sérieusement sur l’écriture d’un roman jeunesse.
Je vous présente aujourd’hui le portrait d’une femme dotée d’un talent aussi grand que son ambition. Voici donc le parcours d’une artiste passionnée d’histoire au destin guidé par les mots, qui excelle dans l’art de rendre chacune de ses œuvres… mémorables.
Évoluant principalement à travers le récit d’époque—riche en saveurs d’antan, mettant en valeur ce temps d’avant—son style littéraire se distingue non pas seulement de par la minutie avec laquelle l’auteure effectue ses recherches… mais également par toute cette sensibilité dont il est empreint. Cette finesse avec laquelle Marjolaine arrive à faire voyager son lecteur dans un univers teinté de faits historiques lui est propre. Appartenant à ce passé qui est aussi le nôtre, ses romans mettant tantôt en scène de grands personnages—par exemple Le géant Beaupré, Lily St-Cyr, ou Alexis le trotteur— abordant tantôt des personnages fictifs dans lesquels chacun peut aisément s’identifier, ils sont acclamés autant par la critique que par un vaste lectorat. Carburant à ce désir de mettre en lumière la culture populaire québécoise, l’auteure se donne pour mandat de rendre justice à l’époque évoquée.
Ses nombreuses influences étant pour elle aussi variées que ses choix de lectures, Marjolaine confie être une lectrice plutôt difficile.
«Je suis très sensible au style. J’apprécie un texte bien travaillé, et n’hésite pas à laisser tomber un ouvrage dont la plume m’ennuie, me confie-t-elle en ajoutant, Les romans psychologiques, historiques, d’époque, fantastiques et autofictions ont ma préférence.»
Si plusieurs m’ont souvent confié n’avoir aucune routine d’écriture, Marjolaine s’impose plutôt rigueur et discipline. Ce qui lui réussit bien étant donné son franc succès— amplement mérité, je dois dire— qui ne cesse de croître. Motivée par cette soif de réapprendre notre histoire, puis de la rendre accessible aux lecteurs, l’auteure se plait depuis quelques années à explorer la vie de ces femmes dites «ordinaires». Véritables pionnières possédant toutes en elles une force inébranlable, ces femmes mises en lumière sont, chacune à leur façon, inspirantes. Avec Madame de Lorimier (femme du célèbre chevalier de Lorimier), Les portes du couvent tome 1, 2, et 3 (religieuses et couventines), et Les belles fermières (agricultrices), l’auteure arrive précisément à nous faire ressentir l’émotion de ces héroïnes trop souvent oubliées, à leur rendre justice comme il se doit.
Au moment où je m’informe à savoir si elle écrit à temps plein, Marjolaine me répond;
«Depuis 2015, je peux me consacrer davantage à l’écriture car je me suis prévalu d’une retraite anticipée à mon autre emploi.»
Occupant anciennement un poste de secrétaire à la Direction de la protection de la faune du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, la prolifique romancière admet que sans l’écriture, ses jours seraient vides de sens. Nouvellement résidente de la magnifique capitale nationale du Québec, l’artiste compte maintenant vingt-cinq ans de carrière en littérature, mais ce n’est pas tout… C’est avec toute mon admiration que je me dois de préciser qu’en plus de sa pratique littéraire—cumulant une douzaine de romans historiques, ainsi que six livres jeunesse—Marjolaine Bouchard se livre corps et âme à la promotion de notre belle littérature. Fière présidente de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie depuis six ans, elle se donne pour mission de promouvoir les auteurs membres de l’APES. Outre la publication de dix-neuf titres, elle participe également à la création de collectifs de nouvelles dont Un Lac, un Fjord, Un Fleuve et Revue de la nouvelle XYZ. Et c’est loin d’être terminé! Mettant à profit son grand talent, elle écrit deux pièces de théâtre (jouées respectivement en 1999-2000 et 2008-2010).
Vous ai-je mentionné qu’elle est aussi l’heureuse récipiendaire d’un autre prestigieux prix littéraire (Distinction 2018 étant mentionnée plus haut)? Effectivement, elle remporte en 2016 la palme du meilleur roman pour son œuvre Madame de Lorimier! Ouf! Tout un parcours, hein?
Et comme nommer ici chacune des réussites de cette artiste accomplie prendrait assurément plus de temps que durera cette crise sanitaire, je vous laisse le bon soin de les découvrir à votre tour. Sa plus récente série Les jolis deuils T1 et T2 reçoit elle aussi de nombreuses louanges. Ses œuvres étant disponibles en ligne, je vous suggère fortement de faire un saut sur les sites suivants;
https://www.lesediteursreunis.com/
Vous pouvez également suivre l’autrice sur sa page FB.
S’immerger dans le fabuleux monde de Marjolaine Bouchard vous sera non seulement favorable, mais vous en redemanderez… encore et encore.
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